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SAINTE-BEUVE


1804 – 1869




Charles-Augustin Sainte-Beuve doit sa plus grande renommée à ses nombreux articles de critique. Il se fit connaître comme poète par un recueil élégiaque qu’il donna au public comme l’œuvre posthume de Joseph Delorme. Sainte-Beuve publia sous son vrai nom un second recueil de poésies : Les Consolations (1830). Les Pensées d’Août parurent en 1837. — Les poésies complètes de Sainte-Beuve (2 volumes) se trouvent chez Alphonse Lemerre.

Cet écrivain multiple, ondoyant et divers, ne s’est fourvoyé dans le romantisme que latéralement. Il a paradé dans les troupes légères comme les anciens voltigeurs sur les ailes de l’armée, mais sans jamais s’engager profondément dans le feu de l’action, où s’agitaient fiévreusement les hauts panaches des grands chefs.

Pour employer une autre comparaison, comme poète, il n’a pu jamais atteindre à ces fiers sommets où Lamartine, Hugo, de Vigny, se familiarisaient avec les aigles ; mais parfois


………………Nous aimons
Boire au petit ruisseau tamisé par les monts.

Sainte-Beuve s’est tenu à mi-côte, loin des hautes neiges et des soleils trop ardents. C’est là, comme une famille anglaise sous la tente-abri,