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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Ô sommets de Taygète, ô rives du Pénée,
De la sombre Tempé vallons silencieux,
Ô campagnes d’Athène, ô Grèce infortunée,
Où sont pour t’affranchir tes guerriers et tes dieux ?

Ils sont sur tes débris ! Aux armes ! voici l’heure
Où le fer te rendra tes beaux jours que je pleure !
Voici la Liberté : tu renais à son nom ;
Vierge comme Minerve, elle aura pour demeure
            Ce qui reste du Parthénon.

Des champs de Sunium, des bois du Cythéron,
Descends, peuple chéri de Mars et de Neptune !
Vous, relevez les murs ; vous, préparez les dards,
Femmes, offrez vos vœux sur ces marbres épars.

            Là fut l’autel de la fortune.
Autour de ce rocher rassemblez-vous, vieillards :
            Ce rocher portait la tribune ;
Sa base encor debout parle encore aux héros
            Qui peuplent la nouvelle Athènes :
Prêtez l’oreille… il a retenu quelques mots
            Des harangues de Démosthènes.
Guerre, guerre aux tyrans ! Nochers, fendez les flots !
Du haut de son tombeau Thémistocle domine
            Sur ce port qui l’a vu si grand ;
Et la mer à vos pieds s’y brise en murmurant
            Le nom sacré de Salamine.
Guerre aux tyrans ! Soldats, le voilà ce clairon
Qui des Perses jadis a glacé le courage !
Sortez par ce portique, il est d’heureux présage :
Pour revenir vainqueur, par là sortit Cimon ;
C’est là que de son père on suspendit l’image !
Partez, marchez, courez, vous courez au carnage.
            C’est le chemin de Marathon !