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LE MIROIR ET L’ESQUIMAUDE

Monologue
par Eugène LEMERCIER




 
Nanouk, au front, baisa sa gentille Esquimaude
Et, bien qu’il fît très froid, lui dit, d’une voix chaude
« De ce lointain Paris,
Toi qui n’as qu’une arête en guise de parure,
Je te rapporterai, pour orner ta fourrure,
Quelque bijou de prix ».

Ceci dit, en traîneau, le voilà qui détale.
Un navire, un express et c’est la Capitale.
Bien loin des Esquimaux,
Il voit les boulevards constellés de lumière,
Les dancings, les cafés où des dames peu fières
Lui disent d’exquis mots.

Demeura-t-il longtemps dans cette Babylone ?
Cela, tout bien jugé, ne regarde personne,
Mais sachez, mes amis,
Que Nanouk regagna sa région polaire
Sans oublier sa femme et s’enquit, pour lui plaire,
Du bijou tant promis.

Il marchanda longtemps, car il était prolixe,
Quelques joyaux en or et, même, en titre fixe,
Il trouva tout trop cher ;
Soudain son œil de loup, froid comme une banquise,
Tomba sur un miroir digne d’une marquise
Qui reflétait sa chair.




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