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IV

— À la maison, je sais qu’ t’es l’ singe,
Répliqu’ ma femme, avec dédain,
Toi, t’aim’ la cocotte et l’ beau linge,
Mais ça n’ t’ empêch’ pas d’être un daim ;
Quand, aux pieds d’un’ dinde, on s’ag’nouille,
Mon pauvre chat, on n’est qu’un s’rin,
On fait l’ matou près d’un’ grenouille,
Une oi’ qui vous pose un lapin.



V

— Allons, ne te fâch’ pas, ma biche,
Que je riposte, en changeant d’ton,
Dorénavant, j’ s’rai ton caniche,
Je fil’rai doux comme un mouton ;
J’ suis un coq et non un’ mauviette,
Ton gros canard, ton sapajou
S’ra, pour sa colombe, si chouette
Q’u’ell’ l’appell’ra son beau p’tit loup !



VI

— Soit ! dit ma moitié, plus d’ querelle,
Viens dans mes bras, gros canari,
Je roucoul’ comme un’ tourterelle
Quand tu roul’s des yeux d’ merlan frit.
Bref ! dev’nant de plus en plus chatte,
Elle ronronn’, l’œil folichon :
« Allons, veux-tu r’tirer ta patte,
« Finis, tu n’es qu’un p’tit cochon ! »


Eugène LEMERCIER.

S.E.M.F.A. 616