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Grand’maman, rouge de courroux,
Lui dit un jour : « Hé ! saprelotte !
« Tu ne vois donc pas les poils roux
« De l’âne à ton fond de culotte ?
 
« Quand je les brosse, le matin,
« Ces crins roussâtres, j’imagine
« Qu’avec toi, d’ici peu, Martin
« N’en aura plus un sur l’échine ».
 
Le gamin n’en revenait pas.
Mais voilà, qu’un jour, sa grand’mère,
Sur la route, fait un faux pas
Et prend un billet de parterre.

Juste à ce moment, l’aquilon
S’engouffre, en sifflant, sous sa cotte
Et la gonfle comme un ballon
Pendant que la vieille gigote.
 
L’enfant regarde et dit : « Ma foi,
« C’est bien à tort qu’elle me damne,
« Si j’en crois mes yeux, avant moi,
« Grand’mère a dû monter sur l’âne ! ».



Eugène LEMERCIER.



S.E.M.F.A. 611