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des éclairs de feu qui les remplissaient de crainte ; et étant épouvantés par ces fantômes qu’ils ne faisaient qu’entrevoir, tous ces objets leur en paraissaient encore plus effroyables.

7. C’est alors que toutes les illusions de l’art des magiciens devinrent inutiles, et que cette sagesse dont ils faisaient gloire fut convaincue honteusement de fausseté.

8. Car au lieu qu’ils faisaient profession de bannir le trouble et la crainte de l’âme dans sa langueur, ils languissaient eux-mêmes ridiculement dans l’épouvante dont ils étaient tout remplis.

9. Lors même qu’il ne leur paraissait rien qui les pût troubler, les bêtes qui passaient et les serpents qui sifflaient les mettant comme hors d’eux-mêmes, les faisaient mourir de peur, et ils eussent voulu s’empêcher de voir et de respirer l’air, quoique cela soit impossible.

10. Car comme la méchanceté est timide, elle se condamne par son propre témoignage ; et étant épouvantée par la mauvaise conscience, elle se figure toujours les maux plus grands qu’ils ne sont

11. Aussi la crainte n’est autre chose que le trouble de l’âme qui se croit abandonnée de tout secours.

12. Et moins elle attend de soulagement au dedans d’elle, plus elle grossit, sans les bien connaître, les sujets qu’elle a de se tourmenter.

13. Mais étant alors tout abattus d’un même sommeil dans cette effroyable nuit, qui leur était survenue du plus profond des enfers,

14. Ils étaient effrayés d’un côté par ces spectres qui leur apparaissaient, et de l’autre, parce que le cœur leur manquait, se trouvant surpris par des craintes soudaines et auxquelles ils ne s’attendaient pas.

15. Que si quelqu’un était tombé, il demeurait renfermé sans chaînes dans cette prison de ténèbres.

16. Car soit que ce fût un paysan ou un berger, ou un homme occupé aux travaux de la campagne, qui fût ainsi surpris, il se trouvait dans une nécessité et un abandonnement inévitables ;

17. Parce qu’ils étaient tous liés d’une même chaîne de ténèbres. Un vent qui soufflait, le concert des oiseaux qui chantaient agréablement sur les branches touffues des arbres, le murmure de l’eau qui coulait avec impétuosité,

18. Le grand bruit que les pierres faisaient en tombant, le mouvement des animaux qui se jouaient ensemble sans qu’ils les pussent apercevoir, le hurlement des bêtes cruelles, ou les échos qui retentissaient du creux des montagnes, toutes ces choses frappant leur oreille les faisaient mourir d’effroi.

19. Car tout le reste du monde était éclairé d’une lumière très-pure, et s’occupait à son travail sans aucun empêchement.

20. Eux seuls étaient accablés d’une profonde nuit, image des ténèbres qui leur étaient réservées ; et ils étaient devenus plus insupportables à eux-mêmes que leurs propres ténèbres.



Tandis que les Égyptiens sont dans les ténèbres, les Israélites jouissent de la lumière, et sont ensuite conduits par une colonne de feu. Les premiers-nés de l’Égypte sont exterminés sans réserve. La plaie de la mort, qui frappe les Hébreux dans le désert, est bientôt arrêtée.


1. Cependant, Seigneur, vos saints étaient éclairés d’une très-grande lumière, et ils entendaient les cris des Égyptiens, sans voir leur visage. Ils vous glorifiaient de ce qu’ils ne souffraient pas les mêmes choses ;

2. Ils vous rendaient grâces de ce