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3. Vous connaître est la parfaite justice ; et comprendre votre équité et votre puissance est la racine de l’immortalité.

4. Aussi nous ne nous sommes point laissé séduire aux inventions dangereuses de l’art des hommes, au vain travail de la peinture, à une figure taillée et embellie d’une variété de couleurs,

5. Dont la vue donne de la passion à un insensé, et lui fait aimer le fantôme d’une image morte.

6. Ceux qui aiment le mal sont dignes de mettre leur espérance en de semblables dieux, aussi bien que ceux qui les font, ceux qui les aiment, et ceux qui les adorent.

7. Un potier qui manie la terre molle comme il lui plaît, en fait par son travail tous les vases dont nous nous servons ; il forme de la même boue ceux qui sont destinés à des usages honnêtes, ou à d’autres qui ne le sont pas ; et il est le juge de l'usage que doivent avoir tous ces vases.

8. Après cela il forme par un vain travail un dieu de la même boue, lui qui a été formé de la terre un peu auparavant, et qui peu après y doit retourner, lorsqu’on lui redemandera l’âme qu’il avait reçue en dépôt.

9. Il ne pense point à la peine qu’il aura, ni à la brièveté de sa vie ; mais il ne s’applique qu’il disputer de l’excellence de son art avec les ouvriers en or et en argent ; il imite ceux qui travaillent en airain, et il met sa gloire à faire des ouvrages entièrement inutiles.

10. Son cœur n’est que cendre, son espérance est plus vile que la terre, et sa vie plus méprisable que la boue,

11. Parce qu’il ignore celui qui l’a formé, celui qui lui a inspiré cette même âme par laquelle il travaille, et qui par son souffle a imprimé dans lui l’esprit de vie.

12. Les uns se sont imaginé que notre vie n’est qu’un jeu ; et les autres, que ce n’est qu’un trafic pour amasser de l’argent, et qu’il faut acquérir du bien par toutes sortes de voies, même criminelles.

13. Celui-là sait bien qu’il est plus coupable que tous les autres, qui forme d’une même terre des vases fragiles et des idoles.

14. Mais tous ceux qui sont les ennemis de votre peuple, et qui le dominent, sont superbes, malheureux, et insensés plus qu’on ne peut dire,

15. Parce qu’ils prennent pour des dieux toutes les idoles des nations, qui ne peuvent se servir ni de leurs yeux pour voir, ni de leurs narines pour respirer, ni de leurs oreilles pour entendre, ni des doigts de leurs mains pour toucher, ni de leurs pieds pour marcher.

16. Car c’est un homme qui les a faites ; et celui qui a reçu de Dieu l’esprit de vie les a formées. Nul homme n’a le pouvoir de faire un dieu qui lui soit semblable,

17. Puisque étant lui-même mortel, il ne forme avec ses mains criminelles qu’un ouvrage mort. Ainsi il vaut mieux que ceux qu’il adore, parce qu’il vit quelque temps, quoiqu’il doive mourir après, au lieu que ces idoles n’ont jamais vécu.

18. Ils adorent jusqu’aux plus vils des animaux, qui, étant comparés aux autres bêtes sans raison. sont au-dessous d’elles.

19. La vue même de ces animaux ne peut donner que de l’horreur à ceux qui les regardent ; et ils ne sont point de ceux qui ont été loués et bénis de Dieu.