Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

10 Le roi lui répondit : Hâtez-vous ; prenez une robe et un cheval ; et tout ce que vous avez dit, faites-le au Juif Mardochée, qui est devant la porte du palais. Prenez bien garde de rien oublier de tout ce que vous venez de dire.

11 Aman prit donc la robe et le cheval, et ayant revêtu Mardochée de la robe dans la place de la ville, et lui ayant fait monter le cheval, il marchait devant lui, et criait : C'est ainsi que mérite d'être honoré tout homme qu'il plaira au roi d'honorer.

12 Et Mardochée revint à la porte du palais ; et Aman se hâta d'aller chez lui, gémissant, et ayant la tête couverte.

13 Or il raconta à Zarès, sa femme, et à ses amis, tout ce qui lui était arrivé. Et les sages dont il prenait conseil, et sa femme, lui répondirent : Si ce Mardochée, devant, lequel vous avez commencé de tomber, est de la race des Juifs, vous ne pourrez lui résister, mais vous tomberez devant lui.

14 Lorsqu'ils lui parlaient encore, les eunuques du roi survinrent, et l'obligèrent de venir aussitôt au festin que la reine avait préparé.



Esther découvre au roi l'entreprise d'Aman. Aman est pendu à la potence qu'il avait fait dresser pour Mardochée.


1 Le roi vint donc, ainsi qu'Aman, pour boire avec la reine.

2 Et le roi, dans la chaleur du vin, lui dit encore ce second jour : Que me demandez-vous, Esther, et que désirez-vous que je fasse ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerais.

3 Esther lui répondit : O roi, si j'ai trouvé grâce devant vos yeux, je vous conjure de m'accorder, s'il vous plaît, ma propre vie pour laquelle je vous prie, et celle de mon peuple pour lequel je vous supplie.

4 Car nous avons été livrés, moi et mon peuple, pour être foulés aux pieds, pour être égorgés et exterminés. Et plût à Dieu qu'on nous vendît au moins, hommes et femmes, comme des esclaves ! ce mal serait supportable, et je me contenterais de gémir dans le silence ; mais maintenant nous avons un ennemi dont la cruauté retombe sur le roi.

5 Le roi Assuérus répondant, dit : Quel est celui- là, et qui est assez puissant pour oser faire ce que vous dites ?

6 Esther lui répondit : Notre ennemi et notre adversaire est ce cruel Aman. Celui-ci, à ces paroles, demeura aussitôt interdit, ne pouvant supporter les regards du roi et de la reine.

7 Et le roi se leva en colère, et étant sorti du lieu du festin, il entra dans un jardin planté d'arbres. Aman se leva aussi de table et se jeta d genoux, pour supplier la reine Esther de lui sauver la vie ; car il avait compris que le roi avait résolu sa perte.

8 Assuérus étant revenu du jardin planté d'arbres, et étant rentré dans le lieu du festin, trouva qu'Aman s'était jeté sur le lit où était Esther, et il dit : Comment ! il veut même faire violence à la reine, en ma présence et dans ma maison ? A peine cette parole était sortie de la bouche du roi, qu'on couvrit le visage d'Aman.

9 Alors Harbona, l'un des eunuques qui servaient d'ordinaire le roi, lui dit : Il y a, dans la maison d'Aman, une potence de cinquante coudées, préparée pour Mardochée, qui a donné un avis salutaire au roi. Le roi lui dit : Qu'Aman y soit pendu.

10 Aman fut donc pendu à la potence qu'il avait préparée pour Mardochée ; et la colère du roi s'apaisa.