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de faim… il ne la faut point absoudre sans doute, mais comme il faut avoir pitié d’elle, et comme il faut se demander quelle part de responsabilité revient, dans son crime, à la dureté de notre état social !

Et l’on peut imaginer — ou rencontrer — des cas plus déconcertants encore.

Voici l’un de ces « problèmes » comme en proposent d’ingénieux théologiens dans les traités de casuistique. Un mari découvre à la fois que sa femme a un amant et qu’elle doit être mère, à une échéance très éloignée, aussi éloignée qu’elle peut l’être. Je suppose qu’il aime sa femme, et qu’il lui pardonne, et qu’il la veuille garder. Si l’enfant vient au monde, le mari ne saura jamais si c’est son enfant ou celui de « l’autre », puisque la femme l’ignore la première (conséquence effroyable du « partage », et qui suffirait à le condamner). Vous prévoyez quelles tortures morales attendent les deux époux, et que l’enfant lui-même ne saurait être que malheureux dans ces conditions. Le mari n’a pas le courage d’accepter un pareil avenir.

Délivrer la femme, avec son consentement et par des moyens qui, dans ce premier moment, ne présentent aucun danger pour elle, c’est supprimer un je ne sais quoi de pas encore vivant ou qui, dans l’échelle de la vie, occupe le plus bas degré, est tout proche de la vie purement végétative ; et c’est, d’autre part, conjurer une terrifiante possibilité d’angoisse et de souffrance, épargner à