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qui divisent l’ode en compartiments. L’admirable période de Hugo, beaucoup plus savante, beaucoup mieux faite, exactement « carrée », pour parler comme les Traités de rhétorique, et où les incidentes et les subordonnées sont toujours comprises entre le verbe et le complément direct de la proposition principale (en sorte que la chute en est toujours nette, précise et pleine), ressemble vraiment à quelque bâtisse solide et régulière, palais, forteresse ou prison. La période lamartinienne, plus vaste encore ou, pour mieux dire, plus allongée, presque sans coupes ni enjambements, par conséquent uniforme dans son cours, — avec sa profusion de participes présents, et ses si et ses quand éternellement reproduits, — et qui, se terminant presque toujours sur une énumération, ne s’arrête que lorsque l’imagination du poète a épuisé les objets énumérables, est une vague immense, aux plis symétriques et souples, qui monte, se gonfle et expire, « où le ciel est bercé », et qui nous berce.

Voilà bien des métaphores, d’ailleurs faciles et que je n’ai pas inventées. En voici une autre. Dans ce large flot traînent, assez souvent, de vieilles algues. J’entends par là certaines queues d’expressions un peu connues, certains lambeaux de la phraséologie d’avant les romantiques, phraséologie qu’ils ont, d’ailleurs, simplement remplacée par une autre. Oui, il y a, chez Lamartine, quelque chose d’assez analogue à ces vers « faits d’avance »