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dèrent la publication des Méditations » (soit de 1818 à 1820), il s’ensuit que les ébauches de poèmes épiques, la demi-douzaine de tragédies et les deux volumes d’élégies amoureuses ont dû nécessairement être écrits par lui de 1808 à 1810.

Il n’y a pas un mot de vrai dans cette chronologie. Il suffit, pour s’en persuader, de consulter la propre correspondance de Lamartine, comme ont fait MM. Deschanel et Reyssié ; mais notre fastueux Sarrasin voulait reculer le plus possible dans le passé l’époque où il n’était pas encore original, et nous communiquer en même temps cette impression que les Méditations s’élevèrent tout à coup comme un chant céleste, absolument spontané, involontaire, inattendu, et sans lien apparent, même dans le développement intellectuel de l’auteur, avec aucune autre poésie, quelle qu’elle fût.

La vérité, c’est qu’il rima beaucoup et presque sans interruption, et comme on rimait de son temps, jusqu’au jour où il écrivit les Méditations, et que la moitié même des Méditations ressemble encore à ce qu’on rimait autour de lui. La vérité, c’est qu’il a appris le métier, comme les camarades (de quoi nous devons lui faire notre compliment), et qu’il a fait beaucoup plus d’études et d’exercices préparatoires que le rossignol des nuits d’été. La vérité, enfin, vous la trouverez dans ces excellentes observations de M. Émile Deschanel : «…Il finira malheureusement par se faire improvisateur dans la