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de mauvais sentiments, légitimes en apparence et même honorables, et si enracinés chez lui et chez une partie de son peuple ; il devrait, pour faire cette chose inouïe, sortir si complètement de lui-même, qu’assurément il ne la fera point. Mais, s’il la faisait, il pourrait se glorifier d’avoir été, moralement, le plus grand des pasteurs d’hommes, d’avoir accompli un acte prodigieusement méritoire et original, et d’avoir, le premier de tous, rompu avec la vieille politique égoïste et inauguré les temps nouveaux…

Notez que si une âme droite, simple et bonne, qui ne serait point de race royale, qui ne serait retenue ni par l’éducation ni par la tradition, si un véritable enfant de Dieu se trouvait subitement, comme dans les contes, élevé sur le premier trône de l’Europe, toutes ces choses extraordinaires et folles, il les ferait, du premier coup, avec sérénité.

Cela n’arrivera donc jamais, jamais ?

Le jeune Empereur peut fonder la paix du monde. Aura-t-il assez de foi et de vertu pour l’oser ?

Vous voyez bien que ce ne sont là que « rêveries. »