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science et par le sacrifice. Ce bonheur, il s’efforce de nous en décrire les phases diverses. Mais il se donne tant de peine (et pourquoi ? pour nous présenter en fin de compte, sous le nom de bonheur idéal, les joies mêlées, les joies terrestres que nous connaissions déjà) ; il se torture si fort l’entendement pour aboutir à ce chétif résultat, que, vraiment, le drame est beaucoup moins dans l’âme de Faustus et de Stella, les pauvres bienheureux, que dans celle du poète tristement acharné à la construction de ce pâle Éden et de ce douteux Paradis.

Rien n’est plus touchant, par son insuffisance et sa stérilité même, que ce rêve laborieux du bonheur. Faustus et Stella habitent un séjour délicieux. Voyons comment le poète se le figure :

  Elle lui prend la main. Ils s’enfoncent dans l’ombre
  D’une antique forêt aux colonnes sans nombre,
  Dont les fûts couronnés de feuillages épais
  En portent noblement l’impénétrable dais, etc.

Et plus loin :

  En cirque devant eux s’élève une colline
  Qui jusques à leurs pieds languissamment décline ;
  Une flore inconnue y forme des berceaux
  Et des lits ombragés de verdoyants arceaux…

Ainsi, il y a des forêts dans ce merveilleux séjour, et il y a des collines. Qu’est-ce à dire, sinon que ce paradis ressemble parfaitement à la terre ? Le