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est instamment recommandé aux élèves de jouer et d’être gais : cela détourne de mal faire, de penser à mal et même de penser. Cela est donc d’une sagesse, éminente. » Je ne garantis pas l’exactitude de cet aperçu : en tout cas, il ne serait vrai que des moines gais.

La tête de l’orateur se détache, à demi encadrée par le capuchon noir, pendant que les bras étendus déploient les manches de la robe, larges et blanches.

Ce costume est bien celui qui convient aux dominicains : il est immaculé avec quelque chose d’un peu théâtral. L’ordre des Frères prêcheurs est, je crois, à l’heure qu’il est, le plus brillant des ordres religieux, le plus généreux, le plus aventureux aussi. Ils ont hérité de la flamme de Lacordaire, de son libéralisme, de sa hardiesse ingénue. On ne trouve plus que chez eux l’esprit des Montalembert et des Cochin, l’heureux malentendu du catholicisme libéral, et cela en dépit des persécutions subies. Ils persistent à rêver la réconciliation de la science et de la foi, de la religion et de la société moderne. Illusions si l’on veut ; mais sur quoi, je vous prie, se peuvent fonder l’harmonie sociale, la paix des âmes, le bonheur relatif dont l’homme est capable, sinon sur des illusions ? Ils ont la charité et se piquent de tolérance. Ne leur dites pas que c’est saint Dominique qui a inventé l’Inquisition : ils ne vous croiront pas. Leur règle n’a rien d’oppressif ni d’absorbant, elle respecte leur personnalité, laisse à