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soleil, dont toutes les routes de terre et de mer conduisent en Grèce…[1].

Ils n’ont à la bouche que mesure, sobriété, clarté, harmonie, pureté des lignes, proportions, et commentent abondamment le philokaloumen met’ euteleias[2]. crains, en vérité, qu’ils ne soient moins épris de l’art grec que de l’idée qu’ils s’en font. On peut dire d’abord qu’ils n’aiment cet art que par un détour et un retour, parce qu’ils en connaissent un autre plus complexe et plus vivant et dont il leur plaît de faire bon marché, soit par satiété et lassitude, ou pour montrer qu’ils peuvent s’en détacher et qu’ils sont encore au dessus. Les définitions même qu’ils donnent de l’art grec impliquent la notion de quelque chose qui les dépasse. Je vais proférer un blasphème. J’aime sans doute, dans les frises du Parthénon, la naïveté du dessin, la sérénité de l’ensemble et une certaine science du groupement ; mais j’ai beau faire, je vois que tout est simplifié à l’excès, que les jeunes filles sont trop courtes, que telle figure est gauche et lourde, etc. Je sais qu’on peut voir avec d’autres yeux et tourner tout cela en qualités ; mais enfin j’ai dans l’idée et je connais des exemplaires d’un art qui me satisfait bien autrement. Pour dire que la statuaire grecque est le beau par excellence, il faut d’abord donner du beau une définition « faite exprès ». Et,

  1. Laide, p. 101.
  2. Thucydide, II.