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veut dire : « Les hommes n’ont point d’autres bons sentiments que ceux que les dieux leur donnent. »

Dans le Banquet des sept sages, il a mis « Grâce » en face de cette phrase : « L’âme est conduite de Dieu partout où il veut. »

Dans le traité : Qu’on ne peut vivre heureux selon la doctrine d’Épicure, en face d’une phrase qui signifie : « Ne cache pas ta vie encore que tu aies mal vécu, mais fais-toi connaître, amende-toi, repens-toi », Racine a mis : « Confession. »

Dans le traité : Qu’il faut réprimer sa colère, en marge de cette phrase : « Ceux qui veulent être sauvés doivent vivre en soignant toujours leur âme », Racine a mis : « Pénitence continuelle » et a ajouté cette traduction abrégée et tendancieuse : « L’homme a toujours besoin de remède. »

Dans le traité : De la tranquillité de l’âme, en face de ces mots : « Il y a dans chacun de nous quelque chose de mauvais », Racine a écrit : « Péché originel » .

Notez, quoi que j’aie pu dire tout à l’heure des différences essentielles de la conception chrétienne et de la païenne, que ces rapprochements ne paraissent point si forcés, tant le dogme chrétien correspond à des états ou besoins permanents de l’âme humaine ! Mais quelle lumière cela jette sur le futur théâtre de Racine ! Il est bien vrai, comme le remarque Chateaubriand dans le Génie du Christianisme (2e partie, livres 2 et 3),