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de plus. Et il ajoutait : Je ne puis souffrir cette rage de détruire sans édifier… D’ailleurs l’idée de Dieu est nécessaire au bonheur, et je veux que vous soyez heureux.

Il faut remarquer que, dans cette Note de la Profession de foi, Rousseau ne dit point « le déisme » ; il ne dit même plus « la religion naturelle » : il dit « la religion » ou « le christianisme ». Dans la Profession de foi, il est peut-être aussi proche du catholicisme que du protestantisme : car il prend presque tout ce qui est commun aux deux religions ; et son accent serait plutôt catholique que protestant. Il est d’ailleurs remarquable que, pour enseigner à Émile la religion vraie, il ait choisi, non un pasteur (comme il eût été naturel qu’il le fît après sa rentrée dans la religion de ses pères), mais un prêtre romain, formé du souvenir de deux prêtres romains : l’abbé Gaime et l’abbé Gatier.

Il faut bien dire pourtant que ce christianisme de Rousseau est un christianisme assez amolli. C’est le christianisme, moins ce qui en fait la solide armature : le dogme du péché originel et toutes ses conséquences théologiques.

Jean-Jacques, à vingt-deux ans, nourri des livres de Port-Royal, avait été quasi janséniste. Ce qui devait le séduire, c’est que le janséniste est l’homme qui entretient avec l’Inconnu les relations les plus tragiques et les plus passionnées. Jean-Jacques, à ce moment-là, avait très peur de l’enfer. Un jour il lança une pierre contre un tronc d’arbre en se