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que ces vers sont de la même plume, et peut-être de la même époque que l’invocation à Cynthie dans la quatrième partie des Mémoires !

Au deuxième acte, Nadab prend congé d’Arzane en ces termes :

 De Moïse en ces lieux je viendrai vous apprendre
 Le destin. Quel parti qu’alors vous vouliez prendre,
 Contre tout ennemi prompt à vous secourir,
 Arzane, je saurai vous sauver ou mourir.

C’est horrible, et c’est déconcertant. Car celui qui a eu la candeur d’écrire ces choses entre 1815 et 1835 et de les publier en 1836 est le même qui a su tirer de notre langue des effets dont la hardiesse ou la langueur n’a pas été dépassée et le même enfin qui, à soixante-quinze ans, écrivit la Vie de Rancé (parue en 1844).

C’était son directeur, l’abbé Seguin, qui lui avait conseillé d’écrire cette histoire, et Chateaubriand s’y mit très volontiers : car, dans la vie de ce Rancé qui eut une jeunesse orgueilleuse et déréglée, puis qui se convertit rudement et tragiquement, et dont la pénitence, comme les erreurs, eut l’allure excessive et héroïque, Chateaubriand (quoique beaucoup plus tempéré dans sa conversion) trouvait quelque chose de lui-même, croyait-il, et des tableaux où se complaire. Ce roman de la pénitence farouche prêtait au mépris des hommes et de la vie ; et les péchés de Rancé étaient de ceux qu’il y a plaisir à rappeler et déplorer.

Le livre est d’ailleurs un bric-à-brac inouï ; l’