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est pour nous, et ce qu’il était pour moi, avant que j’eusse entrepris de l’étudier de plus près. Je ne sais pas du tout si nous découvrirons en lui quelque chose de plus, ou bien autre chose. Nous verrons bien. Sa bibliographie est énorme. Je n’ai pas tout lu, il s’en faut. Je ne vous promets pas d’être complet ; je ne vous promets pas d’être original : je ne puis vous assurer que ma sincérité. Ce que je vous propose, en somme, c’est une libre promenade à travers la vie et l’œuvre de Chateaubriand.

Naturellement, je me servirai beaucoup des Mémoires d’outre-tombe, surtout pour ses commencements, sur lesquels nous n’avons que son témoignage. Je m’en servirai avec la prudence qui convient : car, lorsqu’il nous raconte son enfance, il a déjà quarante ans. Mais aussi la façon dont il voit l’enfant qu’il a été nous fait mieux connaître l’homme.

Le 4 septembre 1768 naissait, à Saint-Malo, dans une rue sombre et étroite, appelée la rue des Juifs, le chevalier François-Auguste de Chateaubriand. « Il était presque mort quand il vint au jour. » « Le mugissement des vagues soulevées par une bourrasque annonçant l’équinoxe d’automne empêcha d’entendre ses cris… Le bruit de la tempête berça son premier sommeil… Le Ciel sembla réunir ces diverses circonstances pour placer dans son berceau une image de ses destinées. » Bref, Chateaubriand naquit sans aucune simplicité.