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lettres publiées par M. Wallis. L’auteur de ces additions a voulu juger temerairement des choses dont il etoit mal instruit, et il a fort mal rencontré quand il a voulu deviner comment M. de Leibniz étoit parvenu à son invention. 11 s’est trouvé de plus, que M. Newton luy même a ignoré encore le véritable Calcul des différences, lorsqu’il a publié son livre intitulé Principia Philotophiae Naturalis Mathematica, non seulement en n’en faisant rien paraître, quoyqu’il y eût des grandes occasions de le faire valoir, mais encore en faisant des fautes capitales, qui ne pouvoient etre compatibles avec la connoissance de ce calcul, ce qu’un illustre Mathématicien fort impartial a remarqué le premier. M. de Leibniz avoit déjà publié son calcul quelques années auparavant en 1684, et M. Newton n’a jamais rien communiqué d’approchant à qui que ce soit, autant que l’on sache, ny en public ny en particulier, que longtemps apres la publication de ses Principes Mathématiques de la Nature, c’est à dire lorsque M. Wallis publia ses Oeuvres Mathématiques en trois volumes, quand l’invention de M. de Leibniz etoit déjà celebre et practiquée publiquement, sur tout par Messieurs Bernoulli freres, avec un succès et applaudissement qui paroist avoir donné envie à M. Newton (mais un peu trop tard) d’y prendre part. L’on voit d’abord en considérant ce qu’il a publié par M. Wallis que l’invention de M. de Leibniz y paroist sous d’autres noms et d’autres caractères, mais bien moins convenables. Cependant M. Newton et alors et longtemps apres n’a jamais osé troubler M. de Leibniz dans la possession de l’honneur de sa decouverte. Et lors que Messieurs Hugens et Wallis, juges impartiaux et bien instruits, vivoient encore, il a vû qu’il n’y trouverait point son compte, et il a attendu un temps, où il ne reste plus personne de ceux qui ont été les témoins des progrès de cette science et même y ont contribué beaucoup, et il a maintenant recours à des novices mal informés de ce qui s’est passé, et qui n’en jugent que par leur préventions ou passions. Un certain nouveau venu a voulu se mettre en réputation en attaquant M. de Leibniz et en luy envoyant une espece de defy par écrit, mais comme cet adversaire ne paroissoit pas d’humeur à se vouloir laisser instruire, M. de Leibniz ne voulut point s'engager en dispute avec luy. Et il a bien fait, car autrement il auroit fourni pretexte à ce chicaneur de dire que le proces avoit été instruit par des raisons de part et d’autre, et qu’on avoit pû prononcer sentence la-dessus, au lieu que