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si fort sur moi que je restais plusieurs jours sous le coup de mon émotion.

Seize ans après, le 25 août 1829, à la séance publique de l’Académie, je rentrai dans cette même salle, par cette même porte ; je trouvai un même monsieur revêtu du même costume ; il me conduisit à la même banquette, et je m’assis à la même place, en face du bureau ; seulement, cette fois je ne figurais plus comme simple témoin : j’étais un des personnages principaux de la séance ; M. Lemercier y lisait une pièce de vers sur l’invention de l’imprimerie, qui avait obtenu le prix de poésie, et j’en étais l’auteur.

Comment avais-je été amené à tenter ce concours ? Comment avais-je obtenu ce prix ? Je n’en parlerais pas si je ne devais y parler que de moi. Mais je trouverai dans ce retour à mes premières années, l’occasion de rappeler quelques idées, de peindre quelques hommes célèbres de ce temps-là, entre autres Casimir Delavigne, et ce que ces souvenirs ont de général me fera pardonner, j’espère, ce qu’ils ont de personnel.