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De la femme pour nous le dévouement commence.
C’est elle qui, neuf mois, dans ses flancs douloureux
Porte un fruit de l’hymen trop souvent malheureux,
Et, sur un lit cruel longtemps évanouie,
Mourante, le dépose aux portes de la vie.
C’est elle qui, vouée à cet être nouveau,
Lui prodigue les soins qu’attend l’homme au berceau.
Quels tendres soins ! Dort-il, attentive, elle chasse
L’insecte dont le vol ou le bruit le menace :
Elle semble défendre au réveil d’approcher.
La nuit même d’un fils ne peut la détacher ;
Son oreille de l’ombre écoute le silence ;
Ou, si Morphée endort sa tendre vigilance,
Au moindre bruit rouvrant ses yeux appesantis,
Elle vole, inquiète, au berceau de son fils,
Dans le sommeil longtemps le contemple immobile,
Et rentre dans sa couche, à peine encor tranquille.
S’éveille-t-il, son sein, à l’instant présenté,
Dans les flots d’un lait pur lui verse la santé.
Qu’importe la fatigue à sa tendresse extrême ?
Elle vit dans son fils, et non plus dans soi-même,
Et se montre, aux regards d’un époux éperdu,
Belle de son enfant à son sein suspendu.
Oui, ce fruit de l’hymen, ce trésor d’une mère,
Même à ses propres yeux, est sa beauté première.
Voyez la jeune Isaure, éclatante d’attraits :