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C’est la mort. Aux lueurs du sapin embrasé,
On voit un malheureux, sous ses fers écrasé,
D’un moine en oraison écouter la prière.
« Jeune homme (dit alors une voix meurtrière,
Avec cette gaîté qu’assaisonne le sang),
« Je viens vous délivrer ! » — « J’en suis reconnaissant »,
Dit froidement Edgar, qui se soulève à peine,
Sans daigner voir la main qui détache sa chaîne.
Il en allait déjà gourmander la lenteur,
Quand enfin de ses fers tombe la pesanteur.
Il se lève, en tremblant, non pas d’inquiétude,
Mais son corps d’être libre a perdu l’habitude.
« Viens, confesseur d’un Dieu moins adoré que toi,
« Viens me prêter ton bras, et puis exhorte-moi » ;
Et le prêtre lui-même aurait eu besoin d’aide.
Une hache à la main le bourreau les précède,
Edgar ne laisse ouïr ni plainte ni sanglot,
Et pour n’y plus rentrer il sort de son cachot.