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Comme un flambeau qui meurt jette plus de lumière,
Edgar, d’un œil plus vif, embrassant sa carrière,
Veut vivre, en un instant, son reste d’avenir.
Plein d’un feu délirant qu’il ne peut contenir,
Il semble, contre un dieu, disputer sa maîtresse ;
Dans ses bras forcenés, dans ses fers il la presse ;
Son front d’un sang fiévreux sent bouillonner les flots
Son cœur bouleversé s’échappe en longs sanglots,
La mort dans ses baisers se mêle sur sa bouche ;
Ce n’est plus un amant, c’est un soldat farouche…
Un seul mot cependant fit tomber sa fureur :
C’était un cri d’amour, poussé par la terreur.
Alors il supplia d’une voix inquiète :
« Ne me fuis pas, dit-il, que ta bouche muette
« S’ouvre encore une fois, pour un mot de pardon ;
« Ne m’abandonne pas dans mon triste abandon ;
« Instruis-moi de ton Dieu, que j’aime si tu l’aimes.
« Prodigue-moi long-temps tes paroles suprêmes,
« Nourris-moi de ton nom, redis-moi ta beauté,
« Couvre mon désespoir d’un nuage enchanté,