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Si la mort menaçait un maître du château,
On entendait soudain, des abîmes de l’eau,
Dont la sonde ignorait la route ténébreuse,
Sortir une harmonie étrange et douloureuse.
  Du manoir d’Arlinkow le seigneur était vieux ;
Elfride était le nom qui lui plaisait le mieux,
Elfride était sa fille : et chacun disait d’elle,
Qu’elle était belle autant que peut l’être une belle.
Les fleurs que le printemps fait naître pour sa cour,
Ou que de ses baisers vient colorer le jour,
N’ont pas d’éclat plus doux que la fraîcheur d’Elfride :
Elle avait le regard, comme un ramier timide :
La voix, comme ce luth que le sylphe Ariel
Effleure dans son vol en retournant au ciel.
Son père l’adorait d’un amour sans partage ;
Irner, son fiancé, l’aimait seul davantage.
L’un sur l’autre appuyés, ils espéraient tous deux
Cheminer dans la vie en bénissant leurs nœuds ;
Et le jour n’est pas loin que la cloche sonore,
D’un hymen trop tardif doit saluer l’aurore.