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Le matin est plus beau, quand, au lieu des palais,
Il dore de ses feux l'humble toit des chalets:
Et le soir est plus doux, quand l'oiseau, qu'il inspire,
Poursuit d'un son plaintif le jour qui se retire;
Mais les airs, pénétrés des larmes de sa voix,
Le chant mouillé des eaux, le cloitre herbeux des bois,
Où, des astres lointains écoutant l'harmonic,
Aiment à s'enfoncer les pensers du génie,
Tout cet enchantement, lorsqu'il rit sous nos pas,
Avertit le bonheur, et ne le donne pas.
De notre âme engourdie il réveille la séve,
Ravive l'or mourant du Paradis qu'on rêve,
Et, sans changer le cœur, le rapprochant des cieux,
Sur nos trésors cachés ne fait qu'ouvrir nos yeux;
Le bonheur est en nous, et non dans ce qu'on aime.
Pour la félicité tout asile est le même :
Le baume croit pour elle au front mort du rocher;
Elle verrait un trône où tu vois un bûcher.
Peut-être n'est-il rien de beau dans la nature!
C'est l'âme, qui lui prête en secret sa parure :
Sans doute; mais il faut avoir de quoi l'orner,
Et quand l'âme n'a rien, que peut-elle donner?