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Lorsque le ver luisant tremble sous le gazon,
Comme un saphir du ciel tombé de l’horizon,
Et qu’on voit, échappés de leurs humides cages,
Les feux follets danser autour des marécages ;
Dites-vous, mes amis : Voici l’heure de choix,
Où notre père aimait à rôder dans les bois,
Et s’en allait, dans l’ombre, à l’affût des pensées !
Ses traces maintenant sont partout effacées,
Et son herbe si verte est bien sèche aujourd’hui :
Mais nous : voici son heure ! occupons-nous de lui.

Causez souvent de moi, mais pas longtemps ; mon ombre
Rendrait, en vous suivant, votre chemin plus sombre.
Aimez toujours les vers ; quand ils sortent du cœur,
Les vers échos du ciel rendent l’homme meilleur.
Dites de moi caché sous ma muette argile :
Il a chanté tout bas tout ce qu’aimait Virgile,
Et si le monde ingrat ne s’en est pas douté,
C’est que sans doute, hélas ! il n’a pas écouté.
Moins on en parle, et plus, dans notre humble mémoire,
Il nous faut, à nous deux, lui faire un peu de gloire :
Car nous une fois morts, qui le réveillera,
Ce poëte d’un jour, que la nuit reprendra ?