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Non, ces moments si courts s’abrégeront d’eux-mêmes.
Peut-être quelquefois je croirai que tu m’aimes,
Et je saurai peut-être, égayant mes couleurs,
Du veuvage de l’âme assoupir les douleurs ;
Peut-être il est des jours où ma lyre affaiblie
Ramènera vers moi des rêves que j-’oublie ;
Je m’imaginerai que tu voudrais me voir,
J’aurai des souvenirs sans avoir eu d’espoir.
Je vois bien près de toi tout ce qui nous sépare,
Mais l’obstacle de loin disparaît et s’égare,
Je ne l’aperçois plus : oui, seul et loin de toi,
Ton image, ta vie est davantage à moi.
Ta rigueur est plus douce et croit mieux à mes peines,
Un sang moins irrité circule dans mes veines,
Je ne suis plus jaloux d’un geste, ou d’un regard
A ta coquetterie échappé par hasard,
Je ne sens presque plus frissonner sur ma lèvre
Le sarcasme acéré qu’y fait monter la fièvre :
Je n’ai plus ce besoin amer, impérieux,
De vouloir, malgré moi, te paraître odieux ;