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Non, jamais ! sois heureuse… et d’un feu qui consume,
J’épuiserai, tout seul, l’enivrante amertume.
Hélas ! il est donc vrai que jamais, ici-bas,
Tu ne me sauras gré de mes affreux combats !
Je voudrais, s’il se peut, pour t’exprimer leur rage,
De tous les lieux du monde emprunter le langage ;
Mais quel langage humain peut exprimer l’amour ! *
Je voudrais, affranchi de ce monde et du jour,
De la langue des cieux aller ravir la flamme,
Lui demander un mot, un mot qui fut une âme,
Un mot qui sût te peindre, et dans ce mot divin,
Comme un dernier soupir, exhaler mon chagrin.
Je voudrais… Sais-je, hélas ! ce que je veux encore ?
Je voudrais être un dieu, le seul dieu qu’on adore ;
Je voudrais être dieu, pour détourner vers toi
Tout l’encens des autels allumé devant moi,
Pour t’offrir en moi seul tout l’amour de la terre.
Si tu pouvais savoir ce que j’ai peine à taire !
Tout devient mon amour, tout ce que j’aperçoi
Me semble réfléchir quelque chose de toi :