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Y sème de ses dons le vaporeux trésor,
Sur un sol transparent jète des temples d’or,
Puis, de leurs toits vermeils dissipe le prodige :
Mais toi, réalisant ce merveilleux prestige,
Tu montres, tous les, jours, comme dans leurs berceaux,
Tes palais endormis sur l’abîme des eaux.
Quel amant de tes nuits n’a béni le silence,
De tes chemins flottants la discrète indolence !
Qu’on me verra de fois errant sur tes canaux,
Au doux bruit de la rame, au chant des boleros,
Dans la barque rêveuse où joûra ma paresse,
Bercer sous mes baisers l’amour d’une maîtresse.
Oui, quand l’astre du soir viendra du haut des cieux,
Sur le miroir bruni des flots capricieux
De vingt îles d’argent semer l’éclat mobile,
Navigateur sans crainte, et pourtant inhabile,
J’irai, le luth en main, sur un canot furtif
Tenter cet archipel brillant et fugitif,
Et de mes longs plaisirs savourant l’ambroisie,
M’enivrer de bonheur, d’amour, de poésie.....