Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/382

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et mes rêves, fuyant en hostiles parcelles,
Disséminer partout leur grésil d’étincelles.
Je voulus quelquefois, rassemblant ces débris,
De l’astre, qu’ils formaient, relever les parvis ;
Hélas ! plus froide encor que le vent monotone
Qui roule sous nos pas les feuilles de l’automne,
La froide vérité dispersa dans les cieux
Ces restes de bonheur, qui tremblaient sous mes yeux.
Malheureux ! je voulais renouer des nuages,
Dont les lambeaux flottaient criblés par les orages ;
Et mon cœur, impuissant à les recomposer,
S’est roulé dans ses pleurs sans pouvoir se briser.
Que j’ai souffert ! Meurtri des flèches insensées,
Que le jour malfaisant dardait dans mes pensées,
Je comptais sur la nuit pour oublier le jour :
Mais la nuit sans pitié m’accablait à son tour,
Et mon cours d’existence, ou plutôt d’agonie,
Se prolongeait sans fin, doublé par l’insomnie.
Dans ma tête souvent qu’égarait la douleur,
Je sentais tournoyer l’ivresse du malheur,