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Nous sommes en été, mais la mort est dans l’air,
J’ai froid. Tout semble éteint, desséché : c’est l’hiver,
L’hiver du désespoir, qui m’est entré dans l’âme !
Quel printemps, échappé des regards d’une femme,
Reviendra sur ce sol, glacé par la douleur,
D’une asphodèle même entr’ouvrir la pâleur ?
Comme moi désormais la nature est flétrie :
Un mensonge de moins nous dépeuple la vie.
L’amour, en s’éloignant, ôte à l’infortuné
Plus de bonheur encor qu’il n’en avait donné ;
Sur tout ce qui console il faut qu’il jette un voile ;
Il nous éteint le ciel étoile par étoile,
Et nous laisse à la fin, quand il a tout détruit,
Seul avec la mémoire habiter dans la nuit.
C’est là qu’il faut rester, et rouir à demeure,
Ne vivant seulement que pour sentir qu’on meure,
Se tuant en détail, et n’osant pas mourir.
Cherchez donc maintenant un moyen d’en guérir !