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Tous ces jours commencés et finis sans alarmes,
Où l’on n’était pas seul vis-à-vis de ses larmes ?

Si jamais, Maria, je voyageais sans toi,
Où pourrais-je oublier ces jours perdus pour moi,
Ces jours où, partageant quelque humble solitude,
J’ai souvent dans mes bras bercé ta lassitude,
De tes mains dans mes mains réchauffé le frisson,
Où de ton sein captif dénouant la prison,
J’entr’ouvrais au sommeil ses barrières de gaze,
Où mes soins paresseux, qu’alongeait mon extase,
Bouclaient de tes cheveux les nocturnes anneaux,
Où confiant ta vie à de jaloux rideaux,
Je n’osais, caressant ta moelleuse indolence,
De mes muets baisers effleurer ton silence,
Où d’un regard, tremblant de réveiller tes yeux,
Je regardais en toi comme on dort dans les cieux,
Où je t’enveloppais des songes de mon âme,
Où jusque dans tes sens n’osant porter ma flamme,