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Je le sens cependant, sous ce linceul de glace,
Où mon esprit captif se perd et s’embarrasse,
Il fermente en secret une sève d’amour,
Un trésor de bonheur, qui veut éclore au jour.
Je sens qu’il est des yeux, une voix sur la terre,
Qui rendraient au printemps sa grâce héréditaire.
Sous des regards chéris, le gazon radieux,
Avec ses boutons d’or, me deviendrait les cieux ;
Le torrent, bondissant comme un coursier sauvage,
Avec ses crins d’écume agités par l’orage,
Emporterait au loin le spectre du malheur ;
L’insecte venimeux, qui rampe sur la fleur,
S’envolerait, paré de ses ailes vermeilles ;
Le miel engourdirait l’aiguillon des abeilles,
Les feuilles tomberaient pour renaître, et l’oiseau,
Comme un sylphe visible errant sous l’arbrisseau,
Ou nous jetant du ciel ses perles d’harmonie,
Trouverait des échos aux cordes du génie.
La nature, pour elle, entrant dans mes concerts,
Se fondrait dans mes chants bariolés d’éclairs,