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Oui, de ton nom brûlant le talisman divin
Change en lave de feu ma poussière d’humain.
Verbe mystérieux, dont la clarté m’inonde,
En frappant ma pensée, il m’apporte le monde.
Mais en le prononçant, comment y faire entrer
La foule de trésors, qu’il semble conjurer,
Quand cent fois répété, pour le rendre sensible,
Il semble, à chaque fois, plus riche ou plus flexible,
Comme l’œuvre de Dieu, varier sa splendeur !
Le monde recommence à chaque élan du cœur,
Et je n’ai qu’une forme, un pinceau pour le peindre !
Je tourne autour d’un but, que je ne puis atteindre ;
Je ne quitte un chemin, que pour m’y rejeter.
Je cherche, je demande un mot pour m’attester,
Et quand je l’ai trouvé, j’en altère le charme :
Il lui manque un parfum, une grâce, une larme,
Il glace le délire, en voulant l’inspirer,
Et pâlit le bonheur, qu’il cherche à colorer.
Il faudrait… Je ne sais ce qu’il me faut encore :
Comme un torrent captif, l’extase me dévore.