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Que d’alourdir ses coups de mon inquiétude :
Le malheur pèse moins que son incertitude.

C’est en vain que je cherche à vaincre ces chagrins ;
Précurseur d’un divorce, écrit dans mes destins,
Un esprit de vertige, un démon de souffrance,
Me vient, jusqu’à tes pieds, flageller l’espérance.
Une voix toujours prête à fronder tes aveux,
Persiffle mes désirs, ou contredit mes vœux.
Je voudrais, de mon ciel t’épargnant les menaces,
Sans t’infliger ma vie, accompagner tes traces,
Respirer pour te voir, vivre de t’écouter,
Et je m’entends déjà marcher pour te quitter.
Prophète, malgré moi, d’une éternelle absence,
J’envisage de près ma lointaine existence,
Et le vent de l’exil commence à déplier
La voile du vaisseau qui doit m’expatrier.
Toi, tes yeux, éclairés d’une sainte lumière,
Me reverront peut-être encor par la prière ;