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Tout, en arrière, est pur ; en avant, tout est sombre.
Tous les chemins, pour moi, sont gardés par une ombre,
Qui m’arrête, ou m’enlace en un piége glacé.
L’amour ! ce n’est pas lui qui, du fond du passé,
Envoie un spectre avide infester ma jeunesse ;
Non, mais je porte au cœur sa sinistre promesse ;
Je sens qu’il flétrira mes jours jusqu’au dernier :
Le mal, avant de naître, existe tout entier.
Plus ce tourment est vague, et plus il est durable ;
Sur sa base invisible, il est inexpugnable.
Espoir interverti, c’est peut-être, ici bas,
La seule illusion, dont on ne guérit pas.
Eh, comment l’arracher du cœur qu’elle assassine ?
Quand on aurait la hache, où trouver la racine ?

Vous savez maintenant pourquoi je veux vous fuir
Je veux vous épargner le tort de me trahir.
Je sens que la fortune, à présent —endormie,
Doit un jour, entre nous, s’éveiller ennemie,