Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les vers les plus louchans, ma voix, pleine d’alarmes,
Au lieu de les traduire, en déflorait les charmes,
Et mes yeux s’arrêtaient, sans pouvoir s’exprimer,
Pour voir long-temps ses yeux me regarder aimer.
Je me sentais mourir. Qu’avez-vous, disait-elle ?
Et moi, presque effrayé de la trouver si belle,
Enivré de l’entendre, et n’osant la troubler,
Mes yeux, qui l’écoutaient, la regardaient parler.
A sa moindre parole, heureux de me suspendre,
J’aurais cru me tromper, en osant la reprendre ;
Et, suivant son esprit, au lieu de l’entraîner,
T’ai reçu des leçons que je devais donner.

Qu’arrive-t-il ? Le sort va me séparer d’elle ;
Ses lèvres me devront une langue nouvelle :
Mais de mon souvenir aucun mot nuancé
Ne lui rappellera que je l’ai prononcé.
Elle seule a, pour moi, passé dans ce langage.
Je crois, en le parlant, que j’entends son image :