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Comme le front d’un lys par le vent agité,
Balancer son silence à chaque vérité.
Que prouvent, direz-vous, dites-vous en vous-même,
Tous ces voiles brodés, jetés sur un problême,
Hiéroglyphes brillans, dont les signes confus,
Loin d’expliquer l’énigme, en sont une de plus.
Que prouve le poète avec son harmonie,
Et ces rapprochemens, qu’invente le génie ?
De l’adresse, et le don, qu’il suppose immortel,
De glisser, sans le voir, à côté du réel.
Et qu’est-il donc de vrai pour nous dans la nature !
Tout n’a-t-il pas, hélas ! son vernis d’imposture ?
Si l’œil, qui veut toucher l’arc-en-ciel radieux,
N’y découvre de près qu’un brouillard pluvieux,
Cet arc en a-t-il moins, sur la nue éclairée,
Courbé de ses couleurs l’écharpe diaprée !
Etincelle durcie, éclair cristallisé,
Le diamant, qui dort sous tes cheveux posé,
Peut sous un feu subtil, perdant sa transparence,
Exhaler en vapeurs sa rigide opulence :