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les relâches rares et dangereuses, quel jour n’aurions-nous pas souffert et gémi ? Sur terre, des maux encore plus grands nous ont assaillis. Nos lits étaient sous les murailles ennemies ; les rosées de l’Ouranos et de la terre nous mouillaient, calamité de nos vêtements, et faisaient nos cheveux se hérisser. Et si quelqu’un vous parlait de l’hiver, tueur des oiseaux, et que la neige Idaienne nous rendait intolérable, ou de la chaleur, quand la mer, à midi, quittée par le vent, s’endormait immobile dans son lit ! Mais pourquoi se lamenter sur tout cela ? La peine est passée ; elle est passée aussi pour ceux qui sont morts et qui, jamais, ne se soucieront plus de se relever. À quoi sert de compter les morts ? À quoi sert aux survivants de se plaindre ? Il faut plutôt se réjouir d’avoir échappé à ces malheurs. Pour nous, qui sommes saufs, dans l’armée Akhaienne, le bien l’emporte et le mal ne peut lutter contre. Glorifions-nous, à la lumière de Hèlios ; certes, cela est juste, après avoir tant souffert sur terre et sur mer : — Troia est prise, et la flotte des Argiens a consacré ces dépouilles aux Dieux qui sont honorés dans Hellas, et les a suspendues dans leurs demeures, comme un trophée antique. — Ceci entendu, il faut glorifier la Ville et les chefs, et honorer Zeus qui a fait cela. Tu sais tout.

Le Chœur des Vieillards.

Tes paroles m’ont vaincu, je ne le nie pas. Le désir de tout apprendre est toujours éveillé chez les vieillards. C’est à cette demeure royale et à Klytaimnestra qu’il convient, à la vérité, de se réjouir ; mais je veux aussi prendre ma part de leur joie.