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devoir être pour vous l’occasion d’un manifeste définitif, d’une étude qui ne pouvait manquer d’être intéressante, quelles que fussent vos conclusions, sur l’état de la poésie en France, depuis 1820. Cette étude, vous n’avez pas cru devoir la faire. Pas un mot de Lamartine ni de Musset. Moi seul et tous ceux qui nous écoutent, nous sommes souvenus d’eux. Du reste, je dois vous prévenir tout de suite, pour vous éviter tout malentendu inutile dans vos futurs entretiens avec vos nouveaux confrères, qu’à l’Académie, nous continuons à admirer passionnément l’un et à aimer follement l’autre.

Souvenirs, habitudes de jeunesse sans doute ! Vous n’avez fait qu’une seule allusion au Moise d’Alfred de Vigny et à une de ses pensées. Voilà tout ce que vous accordez à l’école romantique ; c’est peu. J’aurais voulu aussi vous voir entrer dans quelques détails sur les procédés de l’école nouvelle de versification dont Victor Hugo a été et reste le chef, dont vous êtes le continuateur le plus autorisé, encore plus sévère que lui, sur ces questions de césure, de rejets, d’enjambements, de rimes riches ou pauvres, avec ou sans consonne d’appui, enfin sur toutes ces questions de technique et de prosodie qui font tant de bruit sur le nouveau Parnasse. Vous auriez pu nous dire où nous en sommes avec notre vieux Boileau, s’il a toujours raison pour vous comme pour moi, par exemple, qui, en matière de versification, reste convaincu qu’on peut tout dire dans la forme dont Malherbe, Regnier, Corneille, Racine, Molière, se