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On dit que c’est toi qui fait naître
Les petits oiseaux dans les champs
Et qui donne aux petits enfants
Une âme aussi pour te connaître.

Et pour obtenir chaque don
Que chaque jour tu fais éclore
A midi, le soir, à l’aurore,
Que faut-il ? Prononcer ton nom.

Mets dans mon âme la justice,
Sur mes lèvres la vérité ;
Qu’avec crainte et docilité
Ta parole en mon cœur mûrisse,

Et que ma voix s’élève à toi
Comme cette douce fumée
Que balance l’urne embaumée
Dans la main d’enfants, comme moi.


Victor Hugo disait à sa fille : « Ma fille va prier, » et, lorsque, quinze ans après, la mort lui prenait cette fille, il s’écriait :

Maintenant ! Oh ! mon Dieu, que j’ai ce calme sombre
De pouvoir désormais
Voir de mes yeux la pierre où je sais que dans l’ombre
Elle dort pour jamais,

Maintenant, qu’attendri par ces divins spectacles,
Plaines, forêts, rochers, vallons, fleuve argenté ;
Voyant ma petitesse et voyant vos miracles,
Je reprends ma raison devant l’immensité ;

Je viens à vous, Seigneur, Père auquel il faut croire ;
Je vous porte apaisé
Les morceaux de ce cœur tout plein de votre gloire
Que vous avez brisé ;

Je viens à vous, Seigneur, confessant que vous êtes
Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant !
Je conviens que vous seul savez ce que vous faites
Et que l’homme n’est rien qu’un jonc qui tremble au vent.