nos efforts ? Une telle poésie ne saurait être frivole, elle sera
au contraire laborieuse et malaisée ; mais elle rendra au poète
la virginité d’âme que nous avons perdue. Elle fera naître
en lui cette grandeur sereine qu’exalte le spectacle de la
beauté, et elle lui donnera le bonheur.
Ainsi s’affirmait la dernière croyance du poète, ce suprême
idéal où il se réfugiait loin du fracas grossier des réalités
blessantes. Ainsi son esprit se « recréait » aux sources vives
d’un harmonieux panthéisme, où l’éphémère succession
elle-même des phénomènes lui apparaissait comme une
manifestation continue de l’âme universelle qui pense et qui
respire en tout. La terre avec ses fruits, ses races, ses
animaux de toute sorte ; l’humanité avec ses mœurs, ses besoins,
ses croyances diverses, ne sont au fond qu’une seule et même
essence, sous des formes variées de l’être qui seul se réalise,
se prolonge et se diversifie ; qui demeure toujours le même,
toujours unique en ses fugitives apparences, et qui se
détermine suivant la règle de sa raison intime, qui n’est autre
que « le Beau ».
« Ô noble poésie, ……
Ton accent est sacré.
De toute intelligence,
De toute vérité
Ton nom est la science
Et la suavité……
De moindre ou grande peine
Tu coules pur oubli ! »