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breuse nous réserve un accueil des plus chaleureux.

À Schaffouse, premier arrêt de notre train, une musique joue la Marseillaise et la Brabançonne, en un clin d’œil, nos wagons sont envahis et nous sommes couverts de fleurs, de rubans, de petits drapeaux suisses, français et belges, pendant que les friandises de toutes sortes, sans oublier tabac, cigares et cigarettes, s’accumulent.

À Zurich, Berne, Vevey, Monthey, Trois-Torrents et Morgins, but de notre voyage, où nous sommes arrivés le soir, partout ces manifestations, cet enthousiasme, cette cordialité ont éclaté spontanément, nous laissant à tous un souvenir impérissable de ce vaillant et brave petit peuple qui nous a délivré des geôles boches.

Libres, nous étions libres. C’était donc fini les insultes, les vexations, les exactions, les cris rauques de bêtes fauves, c’était donc fini d’être molesté par une population hostile ! Était-ce possible ?

Ah ! ces premières promenades où l’on se sent libre, où instinctivement on cherche derrière soi la sentinelle, tout surpris de ne pas la trouver, libre d’entrer dans les magasins où des gens affables vous servent en parlant votre langue et s’intéressent à vous.

Nous étions internés à Morgins, un endroit privilégié, où la nature semble avoir accumulé