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rage, recevez ici l’hommage de notre profonde affection.

Cher camarade, votre calvaire ici s’achève, celui de ceux qui restent sera un peu plus long, mais en cet instant tragique, nous portons notre pensée là-bas vers votre vieille mère, vers vos nombreux amis qui attendent votre retour avec impatience. Leur attente sera vaine, ils ne pourront vous couvrir de leurs caresses ; ils ne pourront enfin vous arroser de leurs larmes si longtemps contenues, qu’ils reçoivent, ces malheureux absents, l’expression de notre grande affliction, eux qui ne peuvent rendre à leur cher enfant et ami les derniers devoirs.

Adieu brave soldat de notre Belgique adorée, que cette terre étrangère vous soit à jamais légère.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et pendant que des soldats obligeants psalmodient un « De Profundis », nous pensons à nos mères, à nos femmes, à nos chérubins, au logis familial où nous attendent les nôtres, nous pensons surtout au foyer désert où attend une bonne vieille maman, pleine d’espoir et de confiance, priant Dieu pour son petit gars, à l’instant même où nous le conduisons à sa dernière demeure.

Pauvre vieille maman qui verra son espérance déçue le jour où nous rentrerons.

Les sentinelles nous rappellent à la réalité,