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qui accouraient le dimanche pour voir des Belges accroupis dans des huttes rappelant les temps préhistoriques ou promenant leur mélancolie entre une double haie de fils barbelés.

Aussi, ne comprenons-nous pas comment le journal « Le Bien Public », de Gand, du 11 décembre 1914, osa publier un article sur les prisonniers de Soltau, où il déclarait que nous étions traités paternellement : travaillait qui voulait, nourriture excellente, cantine où l’on se payait toutes les douceurs possibles à des prix raisonnables, promenades magnifiques dans les environs, etc., etc.

Cet article n’était qu’un tissu de mensonges, il constituait une basse flagornerie vis-à-vis des Allemands, et une injure, une infamie vis-à-vis des anciens prisonniers belges en Allemagne.

À l’affût de toutes les nouvelles, une idée fixe nous hantait, celle de recouvrer la liberté et chaque soir, nous nous endormions dans l’espoir que le matin suivant, nous verrions enfin se lever l’aurore de la délivrance. Il est tout naturel de penser que de la guerre nous parvenait quand même des échos lointains et considérablement transformés et assaisonnés à la mode allemande. Cependant, il est bon de dire que malgré tout peu d’hommes parmi nous ont douté du résultat final, et ce fut là notre force. La grande confiance en la France nous arma de courage pour supporter les misères, vexations et cruautés de notre captivité ainsi que les nouvelles