Page:Lecluselle - Au camp de Soltau, 1919.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 18 —


IV

Les Ilotes.


Après quelques heures d’attente dans la cour d’une caserne où nous retrouvons de nombreux camarades qui nous avaient précédés et qui, depuis trois jours, couchaient à même le sol, c’est-à-dire sans le moindre brin de paille et sans couvertures, on nous met sur deux rangs et nous quittons le village. Vers neuf heures du soir, on nous arrête. Nous recevons une botte de paille pour deux hommes et l’ordre de nous coucher avec défense formelle de bouger avant le réveil. Le lendemain, nous constatons que nous nous trouvons dans une plaine circulaire, véritable cuvette, couverte de bruyères et entourée par les sombres fondaisons des sapinières. La vue seule de l’endroit dégage une mélancolie, une tristesse indéfinissable.

Dans cette plaine aride et vierge de toute construction faisant partie des landes incultes du Lunébourg allait bientôt s’élever un camp que nous construirions nous-mêmes. En attendant, nous couchions à la belle étoile, par n’importe quel temps, pluie, tempête, gelée, et ce sans la moindre couverture.

Oh ! les jours lugubres que nous avons vécus ! Sous la tempête qui faisait rage, nous