Page:Lecluselle - Au camp de Soltau, 1919.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 16 —

Les gosses eux-mêmes, sous la conduite de leurs instituteurs, étaient massés le long des voies du chemin de fer et nous insultaient au passage. Je ne voudrais pas terminer ce chapitre sans accorder une mention spéciale et ce dans un intérêt général, à l’accueil farouche qui nous fut réservé aux portes même de Hanovre. Il intéresse trop de nombreux Belges et Français pour que je le passe sous silence.

Il s’agit de la réception hors ligne que nous fit le personnel des usines « Pneu Continental ».

Les prisonniers belges et français qui y auront passé en auront certainement gardé un souvenir que je souhaite durable.

Au passage de notre train qui défile lentement, très lentement même, les nombreuses fenêtres que comporte cette fabrique étaient garnies par le personnel, tant masculin que féminin. Les hommes hurlaient des injures, montraient le poing ou faisaient le simulacre de nous tordre le cou ; quant au beau sexe, si on peut appeler ainsi ces mégères, pieds de nez et autres grimaces furent parfaits ; quelques-unes de ces gentilles créatures esquissèrent même le geste de nous couper le cou et, avec un ensemble parfait, elles vomissaient des insultes qui, quoique incomprises, m’ont paru tellement variées que je crois que notre langue verte est bien peu de chose à côté.