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tandis que le domestique titubant, l’air d’un homme ivre, se tenait la tête à deux mains, et que Louise d’Ernemont pleurait.

Lorsque le calme fut rétabli et qu’on voulut remercier le capitaine Janniot, on s’aperçut qu’il était parti.

Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que l’occasion se présenta, pour moi, d’interroger Lupin, au sujet de cette affaire. Il me répondit :

« L’affaire des dix-huit diamants ? Mon Dieu, quand je songe que trois ou quatre générations de mes semblables en ont cherché la solution. Et les dix-huit diamants étaient là, sous un peu de poussière !

— Mais comment avez-vous deviné ?

— Je n’ai pas deviné. J’ai réfléchi. Ai-je eu même besoin de réfléchir ? Dès le début, je fus frappé par ce fait que toute l’aventure était dominée par une question primordiale : la question de temps. Lorsqu’il avait encore sa raison, Charles d’Ernemont inscrivait une date sur les trois tableaux. Plus tard, dans les ténèbres où il se débattait, une petite lueur d’intelligence le conduisait chaque année au centre du vieux jardin, et la même lueur l’en éloignait chaque année, au même instant, c’est-à-dire à cinq heures vingt-sept minutes. Qu’est-ce qui réglait de la sorte le mécanisme déréglé de ce cerveau ? Quelle force supérieure mettait en mouvement le pauvre fou ? Sans aucun doute, la notion instinctive du Temps que représentait, sur les tableaux du fermier général, le cadran solaire. C’était la révolution annuelle de la terre autour du soleil qui ramenait à date fixe Charles d’Ernemont dans le jardin de Passy. Et c’était la révolution diurne qui l’en chassait à heure fixe, c’est-à-dire à l’heure, proba-