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L’ÉCLAT D’OBUS
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IV

UNE LETTRE D’ÉLISABETH



À neuf heures, la position n’était plus tenable.

Le colonel enrageait.

Dès le milieu de la nuit — cela se passait au premier mois de la guerre, le 22 août — il avait amené son régiment au carrefour de ces trois routes dont l’une débouchait du Luxembourg belge. La veille, l’ennemi occupait les lignes de la frontière, à douze kilomètres de distance environ. Il fallait, ordre formel du général commandant la division, le contenir jusqu’à midi, c’est-à-dire jusqu’à ce que la division entière pût rejoindre. Une batterie de 75 appuyait le régiment.

Le colonel avait disposé ses hommes dans un repli de terrain. La batterie se dissimulait également. Or, dès les premières lueurs du jour, régiment et batterie étaient repérés par l’ennemi et copieusement arrosés d’obus.

On s’établit à deux kilomètres sur la droite. Cinq minutes après, les obus tombaient et tuaient une demi-douzaine d’hommes et deux officiers.

Nouveau déplacement. Dix minutes plus tard,